Alzheimer’s silver lining

Alzheimer’s silver lining

They say growing old is not for sissies, well Alzheimer’s disease is definitely not for sissies.

As my lovely mother Anne loves to say, ‘every cloud has a silver lining.’ So I search for the silver lining in my mother’s disease.  Sometimes I have to think and look really hard, but I see it.

First, some background and mea culpa.

I often find myself talking about my mom in the past tense even while she’s with me.

“She had a good life,” I often tell people.

“She was always kind,” I’ll usually add and lastly; “She had nine children.”

And then I’ll hear her trying to remember and count her nine children on her hands – those same hands that used to caress us, rub our backs, feel our foreheads when we were feverish, peel the potatoes, knead the bread, sew our clothes. It’s on those very same hands she counts her flock of kids: Roseanne, Barbara, Maureen, Sheila, Colleen, Monica, Jennifer, Stephanie and Stephen Andrew.

It takes my breath away and I remind myself ‘She’s still here.’  Her life is good, she is kind and she has nine children.

Who is the one with the problem?  There lies the silver lining.  My mother, with Alzheimer’s, is still teaching me lessons. Teaching me to accept everything as it is and to stop clinging to the person she was.   My kids, Zach and Luke were once infants who grew into toddlers. They morphed into teenagers and somehow changed into adults – everyone changes; nothing stays the same. So why do I have to want my mother to remain the apple pie making, tea serving mom she was when she was 65?

She’s moved into a phase of life where memories are a tangled, distant, Alice in Wonderland falling through the rabbit-hole mess. I must admit, it’s not always pretty, but through all of this, she’s still teaching. And when I’m open to the possibilities, there is much to learn.  She is showing me to have patience with both of us. She is teaching me to find kindness, reminding me that she is very much still here with us.

When I look into her blue eyes, I look for her.  I play her the music she loves, bring her the tea she enjoys and try to connect a few dots for her and help her let go of the dots she can no longer connect.  She also teaches me to take better care of myself.  She doesn’t say it of course, but I eat more blueberries and exercise harder in an attempt to ward off the disease.

Recently, I was with my mom at her memory care home and the recreation leader was playing a game where she starts the sentence and someone has to finish the old saying or poem.  She said the first few words of the poem “Trees,” by Joyce Kilmer, that starts with “I think that I shall never see.” I was cynically thinking ‘this is a bad game to play with the group and then my mother completed the WHOLE poem, while I cried.

“I think that I shall never see

A poem lovely as a tree.

A tree whose hungry mouth is prest

Against the earth’s sweet flowing breast.

A tree that looks at God all day,

And lifts her leafy arms to pray;

A tree that may in summer wear

A nest of robins in her hair;

Upon whose bosom snow has lain;

Who intimately lives with rain.

Poems are made by fools like me,

But only God can make a tree.

She recited the entire poem.  I’ve never been able to recite a poem – ever.

But this magical moment happened and I was lucky to be there, because my lovely mom

Anne is still here. She quietly reminds me “I’m still here!” And when I’m open to the

possibilities, I wonder about the magical place her brain has become where she can recite

poetry and song lyrics from the 1950s.

And that is the silver lining.

 

Colleen-JonesColleen Jones is a six-time Canadian Women’s Curling Champion, two-time World Champion and author of Throwing Rocks at Houses. Colleen has also been a CBC reporter for 29 years. She lives in Halifax with her husband Scott and her two sons Zach and Luke.

 

 

 

 

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Les bons côtés de l’Alzheimer

Si vieillir n’est pas pour les mauviettes, la maladie d’Alzheimer ne l’est vraiment pas non plus.

Ma mère que j’aime tant dit souvent que « chaque chose a de bons et de mauvais côtés ». Aujourd’hui, je cherche les bons côtés de sa maladie. J’ai de la difficulté à en trouver, mais parfois je réussis.

Tout d’abord, laissez-moi vous présenter un peu le contexte et permettez-moi de faire mon mea culpa.

Je me surprends souvent à parler de ma mère au passé, même lorsqu’elle est avec moi. Je dis souvent aux gens : « Elle a eu une belle vie, elle était toujours gentille, et j’ajoute habituellement, elle a eu neuf enfants. »

Je la vois ensuite qui essaie de se souvenir de ses neuf enfants en les comptant sur les doigts de ses mains, des mains qui avaient l’habitude de nous caresser, de nous frotter le dos, de nous toucher le front quand nous nous sentions fiévreux, de peler les pommes de terre, de pétrir le pain, de raccommoder nos vêtements. C’est sur ces mêmes mains qu’elle comptait maintenant sa ribambelle d’enfants : Roseanne, Barbara, Maureen, Sheila, Colleen, Monica, Jennifer, Stephanie et Stephen Andrew.

J’en ai le souffle coupé et ça me rappelle que « ma mère est encore là ». Elle a une belle vie, elle est douce et elle a neuf enfants.

Laquelle de nous deux a un problème? Voilà un bon côté. Ma mère, qui est atteinte de la maladie d’Alzheimer, me donne encore des leçons de vie. Elle m’apprend à accepter les choses telles qu’elles sont et de cesser de m’accrocher à la personne qu’elle était. Mes fils Zach et Luke ne sont plus des bébés, ni de jeunes enfants, ni des ados. Ils sont devenus des adultes. Tout change. Tout se transforme. Pourquoi donc est-ce si difficile pour moi d’accepter que ma mère n’est plus capable de faire des tartes aux pommes et de servir le thé, comme elle le faisait lorsqu’elle avait 65 ans?

Elle est maintenant arrivée à une étape de sa vie où ses souvenirs lointains et embrouillés sont tombés dans le terrier du lapin d’Alice au pays des merveilles. Je dois l’avouer, cela n’est pas toujours joyeux, mais à travers toute cette épreuve, j’apprends beaucoup. Maman m’enseigne à faire preuve de patience et de gentillesse et elle me rappelle qu’elle est encore bien là, avec nous.

Lorsque je regarde ses yeux bleus, j’essaie de la retrouver. Je mets la musique qu’elle aime, je lui apporte du thé et j’essaie de rétablir le contact avec les choses autour d’elle, ou de laisser tomber celles devenues impossibles à retrouver. Elle m’enseigne également à mieux prendre soin de moi. Elle ne me le dit pas bien sûr, mais j’essaie aujourd’hui de mieux me nourrir et de faire plus d’exercice qu’avant pour essayer de repousser cette maladie.

Tout dernièrement, je suis allée avec maman à la clinique de la mémoire de son établissement. Ce jour-là, l’animatrice en loisirs demandait aux participants de compléter un vieil adage ou un poème dont elle récitait les premiers mots. Elle a dit la première phrase du poème « Arbre », de Joyce Kilmer, qui commence par : « Je pense que je ne verrai jamais ». Je me suis dit tout bas que ce jeu n’avait vraiment pas sa place ici. C’est alors que ma mère a récité TOUT le reste du poème, et j’en ai pleuré.

Je pense que je ne verrai jamais,

Un poème aussi beau qu’un arbre.

Un arbre dont la bouche affamée se presse

Contre les entrailles douces et généreuses de la terre;

Un arbre qui sans répit contemple Dieu,

Et étend ses bras de feuilles en prière;

Un arbre qui en été peut porter

Un nid d’oiseaux dans ses cheveux;

La neige se couche dans son sein;

Et il connaît l’intimité de la pluie.

Les poèmes sont écrits par des fous comme moi,

Mais Dieu seul peut créer un arbre.

De toute ma vie, je n’ai jamais pu réciter un poème en entier, mais maman venait de le faire devant moi.

J’ai été heureuse d’avoir pu assister à ce moment magique et de voir que ma chère maman, Anne, était encore là, et qu’elle me le rappelait doucement. Lorsque je m’ouvre à toutes les possibilités de la vie, je ne cesse de m’étonner devant la magie de ce cerveau qui peut toujours réciter des poèmes et des paroles de chansons des années 50. Et ça m’apporte beaucoup de réconfort.

 

Colleen-JonesColleen Jones a remporté six fois le championnat canadien et deux fois le championnat mondial de curling féminin, et elle est l’auteure du livre « Throwing Rocks at Houses ». Colleen a également été journaliste au réseau anglais de Radio-Canada pendant 29 ans. Elle vit à Halifax avec son mari Scott et ses deux fils Zach et Luke.

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